[B737] MEL, Pannes et Causes!!

Eh ben Merci beaucoup Tim de partager cette expérience opérationnelle avec nous.Cela apporte un éclairage intéressant sur la réalité du métier de pilote de ligne et la complexité de ces incroyables machines que sont les avions.Bons vols à toi.Amitiés.
Marcello
 
Fallait le voir que c'était rouge sur la première photo, ça ressemble plus à du orange.

Je comprend votre étonnement, si je comprend bien la couleur orange de l'EGT n'apparait que 5 minutes après le décollage (Displayed (amber) – maximum continuous limit exceeded; color change inhibited for up to 5 minutes during takeoff or go-around (Affichage (orange) – limite maximale dépassée continuellement : changement de couleur inhibé jusqu'à 5 minutes durant le décollage ou une remise des gaz))
 
Merci Tim pour l’anecdote. Je n’avais pas bien regardé effectivement la photo, et vu que ton avion était en vol!

Ces avions sont effectivement complexes et surtout plus tout jeunes dans leur grande majorité, donc des petits pépins de capteurs ça arrive fréquemment.

Ce n’est pas pour rien qu’il sont doublés voire triplés, ce qui m’étonne dans l’affaire c’est que le système de gestion de pannes n’aie pas rejeté tout seul le capteur fautif et indiqué un soucis en pleine montée, source de distraction de l’équipage, ce alors que le problème était visiblement mineur.

Je ne sais pas comment c’est géré au niveau ECAM sur le 320 qui a les mêmes moteurs, le FCOM ne dira évidemment rien là-dessus.

Vous avez eu le bon réflexe, et c’est ce qui à mon sens est à retenir de cette histoire:
Avant de réagir à chaud, contre-vérifier avec les autres paramètres moteur, qui vous ont montré que tout fonctionnait normalement.

Et comme quoi TOUT n’est pas prévu au niveau des procédures, puisqu’il n’y avait rien dans le QRH visiblement (le contraire m’aurait etonné), donc dans ce cas on fait appel à l’ « airmanship » de l’équipage, (le « gros bon sens » comme on dirait chez Jack) et la connaissance des systèmes peut aider.

Sur nos Airbus, on a eu aussi des pannes intermittentes dues à des capteurs, dont deux fois à plusieurs jours d’intervalle une panne intermittente d’un CPC en vol (Cabin Pressure Controller).
Même s’il y en a deux, la perte de l’un en vol est légèrement préoccupante, car si l’autre tombe en rade, il faut commencer à envisager une descente rapide (j’ai pas dit d’urgence, car dans ce cas la pressu va descendre relativement lentement). Et donc on surveille un peu plus les paramètres de la pressurisation et on commence à regarder les terrains de déroutement éventuels en route le cas échéant.
Problème de capteur au final, mais en vol, il n’y a aucun moyen de le savoir.

Idem au niveau BSCU (Brake and Steering Control Unit), on a eu une fois le message de panne en vol. Heureusement le système est doublé, mais c’est quand même un élément critique qui gère le freinage et le contrôle de la roue de nez, donc il faut toujours envisager les conséquences opérationnelles éventuelles. Problème de capteurs au final également.

Dernier soucis dont je me souvienne, une fois panne de radar à mi chemin vers Heathrow, et là après concertation entre nous, on a décidé de faire demi tour, car vu le trafic à l’arrivée et les CB « embedded » prévus sur tout le sud de l’Angleterre à l’ETA, ne pas avoir de radar MTO n’était pas une bonne idée pour faire un circuit d’attente dans la couche…

Décision opérationnelle, car même si plus long (2:00) le retour à la base à Bucarest où il faisait beau était préférable au déroutement sur Amsterdam ou Francfort à 30 minutes, où on avait pas de maintenance sous la main et il aurait fallu attendre un autre avion, sans pouvoir forcément repartir.

On a prévenu les Ops par radio au retour, et à notre arrivée avion et équipage de rechange étaient prêts et ont pris en charge immédiatement les passagers.

Jacques
 
Dernière édition:
Si si nous avons une checklist pour ça, ENGINE LIMIT, mais disons que le résultat de la check-list n'est pas intéressant. Soit il y a un vrai problème (ce qui clairement n'était pas le cas), soit tu continues le vol normalement.

En cas de vrai soucis, il faut réduire la puissance du moteur pour avoir des paramètres "normaux", puis tenter d'avancer la manette pour voir si on peut récupérer le moteur. Si pas, on le laisse tourner à puissance réduite (il fournit toujours un peu de puissance, l'électricité, le pneumatique et l'hydraulique), si ça ne va toujours pas, il faut penser à le couper et là on est redirigé vers une autre checklist. À ce moment là on se déroute vers un aéroport à proximité.

Comme les deux fois où l'indicateur est passé dans les zones limites n'a pas dépassé les 5 secondes et que tout est redevenu normal, la checklist n'avait pas de sens.

Amic

Tim
 
Hello,

Voici une dernière en ligne, commençons les choses dans l'ordre et en fonction de vos réponses je publierai la suite jusqu'au dénouement final.

Ce jour là, nous avons 4 vols de prévus. Je suis aux commandes du premier. Je connais très bien l'aéroport pour m'y être posé à de nombreuses reprises. La piste est très courte (env 2000m), et l'aéroport pas très grand. Il doit y avoir 1 ou 2 vols commerciaux par jour. La région est toutefois touristique.
L'approche est une RNP. Le plafond n'est pas très haut, mais plus que suffisant à l'heure d'arrivée. L'avion est un peu plus lourd (env 61 tonnes) que d'habitude parce nous transportons à peu près 2 tonnes de carburant supplémentaires pour des raisons économiques. Je planifie donc une approche avec les volets à 40, AUTOBRAKE 3.

La piste en vue, je déconnecte le pilote automatique et poursuis l'approche en manuel. La piste n'a pas de papi, il faut donc se référer à l'image qu'on a de la piste pour continuer une descente de 3 degrés. Je passe légèrement en dessous du plan "invisible", histoire de bien toucher dans les blocs car la piste est courte.

J'arrondis, l'atterrissage se présente plutôt bien. Ces quelques mètres supplémentaires me permettent de flairer un peu plus tout en visant les blocs. Le posé est relativement doux quand soudain : paf !

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À vous de jouer maintenant !

Amic

Tim
 
Je ne pense pas. L’avion est déjà posé, les spoilers sont probablement déjà sortis, on est “commîted” comme on dit. Le go around avec une piste courte et toute la tôle sortie une fois posé est quasiment impossible.

Bird strike?
Passé le choc initial, du à la surprise, le seul problème que je vois c’est le manque de visibilité pour terminer le roulage, surtout si un bout d’oiseau est resté coincé.
Tu as passé les commandes à gauche?

Il est aussi possible qu’un oiseau ait été pris dans les réacteurs au passage, donc possible reverse inop et du coup il va falloir freiner fort… Vous pouvez sélectionner un auto brake différent lors du roulage de décélération? Ou freinage manuel?
En tous les cas il faut réagir vite, l’avion court sur la piste, qui est courte!

Si c’est le cas, par sécurité, en plus des vérifications pour voir s’il n’y a pas eu d’autres dégâts (l’essuie-glace a pu morfler) ou une possible ingestion d’oiseaux passée inaperçue, il faut attendre plus longtemps que les freins refroidissent.

On ne voit ces oiseaux bien souvent qu’au tout dernier moment. J’ai pris une fois une mouette en approche en courte finale sur Heathrow, un gros bang et un flash blanc, le Captain a juste dit « continue ».
Après vérification par la maintenance au sol, on se l’était pris sur le côté droit, rien de grave, on a pu repartir.

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Jacques
 
Dernière édition:
Avant de lire la réponse de Jacques, j'ai pensé la même chose.

Le Copilote est PF, L'avion a déjà touché doux, PAF vitre du Copilote dégueulasse.. visibilité réduite le Captain devient PF. Ensuite le Copilote devient PM et vérife les paramètres moteurs, vibrations...

Par contre si c'est le Captain qui faisait l'approche donc il est PF... le côté Captain qui prend le Piaf...le Copilote devient PF et reprend les commandes et le Captain PM...mais vu que le tiller est côté Captain et admettons que l'essuie glace soit mort....comment guider l'avion à basse vitesse pour rejoindre le parking ?

Si l'aéroport est équipé d'un tracteur OK mais sinon guidage par le Copilote ?

Maintenant plus hardcore la vitre complète est dégueulasse, les 2 essuis glaces sont mort, comment rejoindre le parking sans tracteur ?:unsure:;G)
 
Hello,

Alors effectivement, une remise des gaz est la dernière chose que l'on souhaite faire, même en finale. Le risque est beaucoup plus important:
- augmentation du flux d'air vers le moteur pouvant attirer d'autres oiseaux,
- les oiseaux ont souvent tendance à "monter" pour éviter un obstacle, ce qui peut provoquer une colision aviaire,
- à plein régime, le moteur peut avoir une plus grosse casse
- une fois dans la remise des gaz et que les choses se gatent, il peut être difficile de revenir sur le terrain.

La majorité des colisions aviaires sont sans grandes conséquences, comme le dit Jacques. Ceci était ma troisière dans mes 4 années de carrière.

Revenons donc à la situation.

J'étais PF. L'oiseau a heurté le parebrise de gauche, donc du côté commandant. L'atterrissage s'est dérouler tout à fait normalement. Il n'y avait aucune raison de suspecter un problème au niveau du moteur. Au bout de la piste, j'informe l'ATC de la colision. La tour envoie alors une voiture pour inspecter la zone et découvrent rapidement ce qui reste de l'oiseau.

À priori, rien ne laisse présager autre chose qu'un peu de paperasse. Le parebrise est certe dégueulasse, mais il n'y a absolument aucun dégat dessus.

Pendant le roulage, le commandant sent une légère odeur de poulet roti. C'est très faible, je ne sens rien. Par acquis de conscience et vu que mon rôle va devenir PM sur le prochain secteur, je ferai une inspection extérieure plus approfondie, notamment au niveau du moteur 1. De l'extérieur, la trace de sang remonte du parebrise et se dirige vers le flanc gauche du fuselage. À priori, vu la trajectoire, il y a peu de chance que ce qui restait de l'oiseau se soit dirigé vers un des moteurs. D'ailleurs après inspection, celui-ci semble impeccable.

À cet aéroport, nous avons une procédure assez particulière qui résulte probablement d'un désaccord syndicale entre le personnel au sol et la compagnie : c'est aux pilotes de faire le plein de l'avion. Le camion se met en position, le pompiste déploie et accroche le tuyau à l'avion, mais c'est à nous de manipuler les valves pour remplir les réservoirs. Contrairement à l'Airbus et à d'autres avions plus modernes, il n'y a pas de pré-selection de carburant. Il s'agit simplement de trois boutons qui correspondent aux trois réservoirs. Les valves sont ouvertes, le carbruant se remplit. Les valves sont fermées, le remplissage s'arrête. Rien de très compliqué, mais cela nécessite de rester en dessous de l'aile, sur l'échelle, pour surveiller l'opération. Pendant ce temps, l'horloge tourne et les derniers passagers quittent l'avion et bientôt une file se formera avec les vacanciers qui rentrent chez eux.

Le remplissage se clôture en 5 minutes. Nous avons d'ailleurs pris un peu de supplément à cause de la météo à notre destination. Le reçu signé, je me dépêche de faire le tour de l'avion qui ne devrait pas prendre plus de deux ou trois minutes. Au niveau du moteur droit, je remarque alors une plume accrochée aux aillettes du fan. Elle ne doit pas mesure plus d'un centimètre, mais elle n'a absolument rien à faire là. Et là, cela devient problématique car il se peut que le moteur soit compromis. Si c'est le cas, l'avion sera cloué au sol.

Je retourne au poste de pilotage. Les passagers sont là, sur le point de monter à bord. Je dis à la chef de cabine de retarder l'embarquement et informe le commandant de la situation. Nous ressortons à deux pour une inspection plus approfondie du moteur, et là, derrière les pales du fan, nous voyons ceci:

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À vous :)

Amic

Tim
 
Avant de lire la réponse de Jacques, j'ai pensé la même chose.

Le Copilote est PF, L'avion a déjà touché doux, PAF vitre du Copilote dégueulasse.. visibilité réduite le Captain devient PF. Ensuite le Copilote devient PM et vérife les paramètres moteurs, vibrations...

Par contre si c'est le Captain qui faisait l'approche donc il est PF... le côté Captain qui prend le Piaf...le Copilote devient PF et reprend les commandes et le Captain PM...mais vu que le tiller est côté Captain et admettons que l'essuie glace soit mort....comment guider l'avion à basse vitesse pour rejoindre le parking ?

Si l'aéroport est équipé d'un tracteur OK mais sinon guidage par le Copilote ?

Maintenant plus hardcore la vitre complète est dégueulasse, les 2 essuis glaces sont mort, comment rejoindre le parking sans tracteur ?:unsure:;G)

La visibilité se réduit un peu, mais ici on était loin d'être aveugle comme le montre l'image suivante, prise du siège de gauche.

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Utiliser les essuies glaces est une très mauvaise idée. La vitre est sèche et le balai risque non seulement de s'abimer, mais aussi de griffer le parebrise.

Une panne des essuies glaces n'est pas à prendre à la légère car l'avion est fortement restreint dans ses opérations. Je t'invite à regarder le MEL pour te faire une idée du bordel que cela peut devenir.

Amic

Tim
 
Il est aussi possible qu’un oiseau ait été pris dans les réacteurs au passage, donc possible reverse inop et du coup il va falloir freiner fort… Vous pouvez sélectionner un auto brake différent lors du roulage de décélération? Ou freinage manuel?
En tous les cas il faut réagir vite, l’avion court sur la piste, qui est courte!
On peut passer d'un mode autobrake à un autre sans soucis. En réalité, l'utilisation des inverseurs n'a aucun effet sur piste sèche à part réduire la charge de travail des freins et donc leur température.

Nous n'avons pas vu le/les oiseaux, donc à priori il était seul donc atterrissage tout à fait standard.

Amic

Tim
 
Hello,

Alors effectivement, une remise des gaz est la dernière chose que l'on souhaite faire, même en finale. Le risque est beaucoup plus important:
- augmentation du flux d'air vers le moteur pouvant attirer d'autres oiseaux,
- les oiseaux ont souvent tendance à "monter" pour éviter un obstacle, ce qui peut provoquer une colision aviaire,
- à plein régime, le moteur peut avoir une plus grosse casse
- une fois dans la remise des gaz et que les choses se gatent, il peut être difficile de revenir sur le terrain.

La majorité des colisions aviaires sont sans grandes conséquences, comme le dit Jacques. Ceci était ma troisière dans mes 4 années de carrière.

Revenons donc à la situation.

J'étais PF. L'oiseau a heurté le parebrise de gauche, donc du côté commandant. L'atterrissage s'est dérouler tout à fait normalement. Il n'y avait aucune raison de suspecter un problème au niveau du moteur. Au bout de la piste, j'informe l'ATC de la colision. La tour envoie alors une voiture pour inspecter la zone et découvrent rapidement ce qui reste de l'oiseau.

À priori, rien ne laisse présager autre chose qu'un peu de paperasse. Le parebrise est certe dégueulasse, mais il n'y a absolument aucun dégat dessus.

Pendant le roulage, le commandant sent une légère odeur de poulet roti. C'est très faible, je ne sens rien. Par acquis de conscience et vu que mon rôle va devenir PM sur le prochain secteur, je ferai une inspection extérieure plus approfondie, notamment au niveau du moteur 1. De l'extérieur, la trace de sang remonte du parebrise et se dirige vers le flanc gauche du fuselage. À priori, vu la trajectoire, il y a peu de chance que ce qui restait de l'oiseau se soit dirigé vers un des moteurs. D'ailleurs après inspection, celui-ci semble impeccable.

À cet aéroport, nous avons une procédure assez particulière qui résulte probablement d'un désaccord syndicale entre le personnel au sol et la compagnie : c'est aux pilotes de faire le plein de l'avion. Le camion se met en position, le pompiste déploie et accroche le tuyau à l'avion, mais c'est à nous de manipuler les valves pour remplir les réservoirs. Contrairement à l'Airbus et à d'autres avions plus modernes, il n'y a pas de pré-selection de carburant. Il s'agit simplement de trois boutons qui correspondent aux trois réservoirs. Les valves sont ouvertes, le carbruant se remplit. Les valves sont fermées, le remplissage s'arrête. Rien de très compliqué, mais cela nécessite de rester en dessous de l'aile, sur l'échelle, pour surveiller l'opération. Pendant ce temps, l'horloge tourne et les derniers passagers quittent l'avion et bientôt une file se formera avec les vacanciers qui rentrent chez eux.

Le remplissage se clôture en 5 minutes. Nous avons d'ailleurs pris un peu de supplément à cause de la météo à notre destination. Le reçu signé, je me dépêche de faire le tour de l'avion qui ne devrait pas prendre plus de deux ou trois minutes. Au niveau du moteur droit, je remarque alors une plume accrochée aux aillettes du fan. Elle ne doit pas mesure plus d'un centimètre, mais elle n'a absolument rien à faire là. Et là, cela devient problématique car il se peut que le moteur soit compromis. Si c'est le cas, l'avion sera cloué au sol.

Je retourne au poste de pilotage. Les passagers sont là, sur le point de monter à bord. Je dis à la chef de cabine de retarder l'embarquement et informe le commandant de la situation. Nous ressortons à deux pour une inspection plus approfondie du moteur, et là, derrière les pales du fan, nous voyons ceci:

Voir la pièce jointe 12650

À vous :)

Amic

Tim
Ben la c’est clair: ingestion d’oiseau, donc à minima inspection et blanc-seing de la maintenance avant de repartir plus toute la paperasse associée. Il faut regarder si des bouts n’on pas pénétré dans la partie chaude, si des ailettes de fan n’ont pas morfle, si des bouts ne sont pas resté quelquepart.
 
Ben la c’est clair: ingestion d’oiseau, donc à minima inspection et blanc-seing de la maintenance avant de repartir plus toute la paperasse associée. Il faut regarder si des bouts n’on pas pénétré dans la partie chaude, si des ailettes de fan n’ont pas morfle, si des bouts ne sont pas resté quelquepart.
Justement ! Nous sommes sur un petit aéroport qui n'est pas équipé de maintenance pour de gros avions. Cela s'annonce tout de suite plus compliqué ! 😁

Amic

Tim
 
Chez AF ils appelleraient direct DTHU!!Vous devez avoir une cellule spéciale de la direction technique pour vous aider dans la prise de décision?
 
Chez AF ils appelleraient direct DTHU!!Vous devez avoir une cellule spéciale de la direction technique pour vous aider dans la prise de décision?

Exactement !

On les avertit bien entendu du problème. Le grand enjeu de la situation est de déterminer si le coeur du moteur est touché. À la vue de la photo précédente, c'est effectivemement le cas : les restes du second oiseau se trouvent sur les aillettes devant le compresseur. Cela veut dire qu'il peut y avoir des restes dans le compresseur, le chambre à combustion et peut-être (peu probable vu la taille de l'oiseau) même dans la turbine.

Si le coeur n'est pas touché, l'avion pourrait repartir après une simple inspection visuelle de notre part.

J'envoie la photo à la direction technique et là le verdicte tombe sans trop de surprise : l'avion est cloué au sol.

D'ailleurs, après une seconde inspection de ma part, j'ai également remarqué un morceau situé en dehors du coeur du moteur.

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Parce que nous volons régulièrement dans de petits aéroports à faible trafic et que notre réseau s'étend à travers tout l'Europe, notre compagnie possède 3 Learjet 45 pour déplacer les mécanos et les pièces de rechange. C'est ce qui est donc convenu par les opérations.

Le jet part avec plus d'une heure de retard à cause d'un problème d'approvisionnement de carburant, puis il a encore près de deux heures de vol avant d'arriver. À partir de là, il n'y a plus qu'à attendre. Les autres vols de la journée ont été réalisés par un autre équipage et avec un avion de réserve. Nous avons renvoyé les passagers vers le petit terminal.

Arrive un second problème, cette fois écologique. L'aéroport ne fournissant pas de GPU, voilà l'APU qui tourne depuis près d'une heure. Et à ce stade là, il devra encore le faire pendant au moins 3 heures pour alimenter les ordinateurs de bord. Nous prenons alors la décision de tout couper jusqu'à ce que la nuit tombe. Par chance (ou pas selon le point de vue), moins de 5 minutes après, les autorités aéroportuaires nous fournissent un GPU. Nous pouvons alors relancer la machine et préparer à nouveau le vol retour.

Il n'y a plus grand chose à part attendre et suivre le jet sur FlightRadar.
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À bord, on écoute de la musique, on regarde Netflix, on mange. La nuit tombe. C'est alors que me vient une pensée concernant la tour de contrôle de l'aéroport. Dans les NOTAM, il était explicitement écrit que la tour ferme et l'aéroport passe en classe G ce qui risque de compliquer un peu notre départ. Fort heureusement, le contrôleur reste jusqu'à notre départ.

Puis, le jet arrive enfin. Le mécano arrive, nous pose des questions et inspecte le moteur. Aucun soucis pour lui. Après nettoyage, l'avion recevra une dérogation de 10 cycles avant qu'une inspection boroscopique ne soie effectuée. Pendant ce temps, j'en profite pour visiter le petit jet.

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C'est finalement avec plus de 4 heures de retard que nous reprenons le chemin de la maison. Les passagers ne sont évidemment pas ravis, mais la sécurité passe avant tout. Anecdote amusante: nous sommes rentrés 1 heure avant l'heure prévue si nous avions du effectuer normalement nos quatre vols du jour. Ce n'était d'ailleurs pas le premier dépanage pour colision aviaire pour le jet ce jour là. En pleine saison migratoire, les occurences de ce genre de petits incident sont plus grandes.

Bons vols !

Tim
 
Ce sont des images qui étaient héberger sur l'ancien forum, et je pense que tout n'a pas été récupérer lors de la migration.
 
Hello,
Une petite idée m'est venue en (re)lisant le thread. Au dispatch pour une compagnie, je me disais que cela peut-être intéressant de voir aussi le côté opérations, et les tâches à faire lorsqu'un avion est dégradé sur certains de ses aspects.
Pas aussi envoutant que l'aspect pilotage, je l'avoue, mais dites moi si cela vous intéresse de vous mettre dans la peau d'un dispatcher .. ;)
A l'ère de l'automatisation, on ne fait plus trop attention aux équipements, diverses RMK et pourquoi elles sont là etc ..

Avis aux personnes curieuses !!
 
Bonjour, c'est tout aussi intéressant que le reste, voir plus à mes yeux car complètement ignoré de beaucoup, donc avis à tous, si vous avez des situations délicates ou anecdotes, n'hésitez pas, il y en a au moins 1 qui vous suivra ;)

Fabien
 
Un exemple tiré de la vraie vie sur A320:
En consultant le journal de bord de l’avion (techlog), je lis ça:
- APU BLEED inop
- CDL 27-01(flap fairing removed)
J’ai appelé les ops pour prise en compte.
je te laisse élaborer ce qui est fait de leur côté (ici en l’occurrence ils l’avaient oublié ;))
 
Dernière édition:
Bonjour, c'est tout aussi intéressant que le reste, voir plus à mes yeux car complètement ignoré de beaucoup, donc avis à tous, si vous avez des situations délicates ou anecdotes, n'hésitez pas, il y en a au moins 1 qui vous suivra ;)

Fabien
Dès que j'ai un peu plus de temps, je me penche sur la chose, bien élaboré un truc plutôt que de bâclé la chose ;)
 
Un exemple tiré de la vraie vie sur A320:
En consultant le journal de bord de l’avion (techlog), je lis ça:
- APU BLEED inop
- CDL 27-01(flap fairing removed)
J’ai appelé les ops pour prise en compte.
je te laisse élaborer ce qui est fait de leur côté (ici en l’occurrence ils l’avaient oublié ;))
Salut JackZ,
Pour l'APU BLEED INOP on s'assurera qu'un ASU est dispo sur les aéroports de dép/Arr voire, plus en fonction de se que dit la MEL
Je n"ai pas à porté de main la doc ni la MEL/CDL mais à première vue je dirai que pour le CDL 27-01 une pénalité de la masse toutes phases confondues, et une pénalité de Fuel Flow qu'on appliquera dans notre équivalent à Simbrief.
Dès que j'ai la doc je regarde ça :whistle:
 
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