Photos du bureau

En direct du cockpit, juste avant le pushback.
Il est 21 heures locales, nous sommes au poste 16 à OEDF, en partance pour OPIS aller/retour.
Une longue nuit s’annonce...
Je suis PF à l'aller, donc pas de photos sur ce secteur.
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Au retour au FL 300.

Vu les vents (JetStream) qu'on va rencontrer de travers et de face pendant tout le retour (aller 3:25, retour 4:20), nous avons décidé de rester bas, ce qui améliore notre TAS et nous donne des vents plus faibles. On va d'ailleurs gratter un 320 de Qatar Airways parti cinq minutes avant nous et qui lui est au FL 360. Héhé...

Bien qu’en croisière il ne se passe pas grand chose, le PM reste occupé et remplit (consciencieusement) le plan de vol (CFP), avec les points de report, et les estimées carburant et temps de passage toutes les demi heures environ.

Il s’agit de voir si on est en avance ou pas sur les prévisions et surtout si la consommation (carburant restant) est cohérente avec les prévisions. En fonction des vents rencontrés, des éventuels raccourcis, et du niveau de vol réellement attribué, le carburant restant peut légèrement varier en plus ou en moins par rapport à l'estimation du CFP.

Si on trouve une grande différence négative (plus de 300 Kg en moins par exemple), et qui augmente à chaque point de contrôle, on peut commencer à suspecter une fuite de carburant, si le Fuel Flow par moteur est normal. Là pour l’instant tout va bien, entre les raccourcis qu’on a demandé et obtenu et le fait qu’on a choisi un niveau de vol plus bas que prévu, on a moins de vent de face, et donc 12 minutes d’avance (ça ne durera pas) et conso pile poil comme prévu.

Sur le FMA on peut voir que je suis PM, car c’est AP1 qui est engagé.
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Sur le chemin du retour vers l’Ouest, on fait la course avec le soleil qui persiste à vouloir se lever.
Mais avec 110kts de vent dans le nez, on se traîne, donc il va finir par gagner c’est sûr...
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Allez plus qu’une heure et demie à tenir, il est quatre heures et demie du matin..
On vient de dépasser le Sultanat d’Oman, et ses autoroutes illuminées en plein désert.
Devant nous, le port pétrolier de Fujairah, et la flottille de pétroliers en attente de ravit'aillement.

Ce port est important, car situé juste avant l'entrée du détroit d’Ormuz, côté Océan Indien.
Il permet aux tankers d’être chargés sans entrer dans le Golfe Persique, un pipeline rejoint les champs et raffineries situées au Nord/Ouest à la ville de Fujairah à travers montagnes et désert.

La flotte US traîne également dans le coin, il me semble avoir aperçu un porte-avions et sa flottille d’escorte juste avant, mais impossible à prendre en photo.
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Et on voit bientôt se profiler les lumières de Dubaï, ça sent enfin l’écurie, c’est pas trop tôt..

On passe verticale OMDB, la tour Burj Khalifa est en face, mais cachée cette nuit par la brume de chaleur.
L'ATIS d'OEDF (Dammam) présélecté sur COM2 commence à crachoter, on commence à se préparer pour la descente, il est bientôt 6 heures du mat’
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Jacques
 
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La récolte de la nuit dernière.

Il est 21:00 locales, tout est prêt pour le départ à OEDF, sauf le tracteur qui n’est pas là...
On partira avec 5 minutes de retard à cause de ça, vite rattrapées (30 minutes d’avance a l’arrivée).
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En montée survol de Bahreïn, la lune pile en face.
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Destination Islamabad, encore, donc survol de Dubai, encore et toujours...
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Un voile laiteux diffuse les lumières de la ville.
Ce sera pire au retour 6 heures plus tard, la ville est noyée sous des halos lumineux des nuages bas éclairés par en dessous, joli à voir mais impossible à prendre en photo.

Le Jet stream asiatique fait encore des siennes, 155kts dans le dos à l’aller au FL 330, on mettra exactement une heure de plus pour revenir, 4:15 contre 3:15. Et encore, en restant au FL280 et avec un Cost Index (CI) de 60, ce qui n’est pas ultra économique, mais sinon ç’aurait été pire.

Une partie du problème, c’est qu’on fait en fait un long détour pour longer la frontière de l’Iran par le Sud et remonter ensuite tout le Pakistan depuis le Sultanat d’Oman, au lieu de tracer direct au travers de l’espace aérien iranien, tout comme la plupart des trafics vers l’Asie d’ailleurs.

Le Golfe persique est une véritable autoroute, à laquelle il faut rajouter les trafics militaires qui se baladent à deux ou trois avec le même code transponder, et les tankers qu’on ne voit pas mais qu’on devine à la radio avec leurs Callsign bizarres.

Et il se trouve que ce trajet sinueux d’abord vers le Sud Est, puis vers le Nord et encore vers l’Est épouse plus ou moins la forme ondulante du Jet Stream dans le coin. Au retour du Pakistan, on va se retrouver avec plus de 130kts de vente quasi de face, ce qui n'est pas bon pour la vitesse-sol...
On a donc des durées de vol qui varient d’une bonne heure entre l'aller et le retour, et ce pour une distance de 1600Nm seulement.

Quand la géopolitique se mêle de navigation aérienne, ça donne ça...

Pour moi, c’est une 3e nuit blanche d’affilée, dur pour l’organisme...
Demain midi OEDF-OEJN et retour, avant deux jours de break bien mérités.

Et puisque je suis d’humeur coquine, j’ai décidé de montrer mon Zhob à tout le monde. Je précise tout de suite que le chiffre en rouge n’a rien à voir avec une taille quelconque, même si c’est le plus élevé du coin...
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Jacques
 
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En route vers Jeddah, peu après Riyadh, on aperçoit d’étranges cercles plus ou moins verts en plein désert.

Même s’ils n’ont rien à voir avec une structure extra-terrestre, ces cercles étranges sont des cercles de culture (mais ou blé) centrées autour d’un gigantesque arroseur tournant.

Cet arroseur est alimenté par une prise d’eau dans la nappe située juste en dessous, nappe qui n’est malheureusement pas phréatique mais fossile: c’est de l’eau qui remonte au temps géologiques très anciens où l’Arabie était une mer...

C’est une nappe « fossile » car cette eau n’est pas renouvelée. Une fois la nappe vidée, les cultures seront abandonnées.

Probablement pas très rentable, mais ces cercles de culture ont permis à un moment à l’Arabie Saoudite d’être comptée parmi les pays exportateurs de blé(!), je ne sais pas si c’est toujours le cas...
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Au départ de Jeddah, lors du taxi vers la 16R, on longe l’immense terminal du Hadj, qui ne sert qu’en période de pèlerinage à la Mecque.

Ce terminal, conçu par l’architecte Americain-Bangladeshi Fazlur Rahman Khan de la firme Skidmore, Owings & Merril il y a bientôt plus de quarante ans (1981), est constitué de toiles tendues qui maintiennent une température correcte pour les locaux situés ventilés en dessous, locaux qui vont accueillir les millions de pèlerins qui vont arriver du monde entier (80 000 personnes en simultané).

Il est énorme (260 000m2) et avec quelques dimensions record (210 cônes de toile, supportés par des câbles attachés à des portiques de 45 mètres de hauteur) mais à cette période il est inutilisé.
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Au point d’attente 16R nous assistons au départ d’un 787 de Saudia. Ces avions remplacent de plus en plus les 777 et surtout les 747 de la compagnie nationale, avions qui commencent à s’entasser dans le cimetière aeronautique pas très loin du seuil 16R
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Puis c’est le retour de nuit vers Dammam où nous venons d’arriver.
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Dans la voiture qui nous ramène à l’hôtel, tout le monde dort. On vole beaucoup en ce moment, et ça se ressent sur les organismes.
Bonne nuit!

Jacques
 
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Toujours sympathique ces petites histoires de pilote.
C'est quand tes prochaines vacances?
 
Bonjour,
Un grand merci JackZ pour tes récits, et franchement je ne pensais pas que vous tournez autant.
Bravo à toi.
 
joli bureau mais vous avez un rythme de dingue !
C'est la même chose dans toutes les compagnies ?
 
Chez AFR, 12 jours de repos minimum par mois et des rotations de 1 à 4 jours, ce qui donne en gros 4 jours de boulot et 5 jours de repos... maximum 6 jours de boulot consécutifs.

Il y a des compagnies qui tournent plus l'été que l'hiver...
 
Chez AFR, 12 jours de repos minimum par mois et des rotations de 1 à 4 jours, ce qui donne en gros 4 jours de boulot et 5 jours de repos... maximum 6 jours de boulot consécutifs.

Il y a des compagnies qui tournent plus l'été que l'hiver...
Oui mais moi je suis pas chez AFR hélas, donc on est quasi au taquet des limitations. Cette année en Juillet je ferai le point mais je devrais avoir fait dans les 800 à 900heures
 
C'est quasiment 1.5 fois plus qu'un pilote AFR... Donc les s'yndicats qui s'insurgent parceque le patron demande un peu plus de productivité pour que la boîte tienne le cap, sont à côté de la plaque...

Les gars de TO sont à 700 en moyenne..
 
Le Max autorise par l’EASA c’est 900h/annee (1000h/365jours) et 100h sur une période de 28 jours consécutifs.

Duty time
  • (1) 60 duty hours in any 7 consecutive days;
  • (2) 110 duty hours in any 14 consecutive days; and
  • (3) 190 duty hours in any 28 consecutive days, spread as evenly as practicable throughout that period
  • A duty period is defined as when a pilot checks into the airport to commence their pre-flight duties, to after landing once they have completed their post flight duties.
Flight time
  1. (1) 100 hours of flight time in any 28 consecutive days;
  2. (2) 900 hours of flight time in any calendar year; and
  3. (3) 1 000 hours of flight time in any 12 consecutive calendar months.
 
Pas beaucoup d'avions sur le tarmac, c'est une période creuse ?
Oui je pense.
On part de Dammam dans l’après midi, et pour une fois on s’est pas battus pour l’arrivée à Jeddah.
Et au retour on a eu accès à une Gate avec bridge, alors que normalement on est toujours à un stand à perpète et qu’il faut attendre le bus qui vient jamais..

Comme j’étais PF au retour sur OEDF et avec un captain sympathique, j’ai demandé (et obtenu) à faire une approche VOR16R en raw data, histoire de pas perdre la main, on en fait jamais en vrai...

Bonne révision, c’est quand même un peu plus de boulot que l’ILS même si l'Airbus te simplifie beaucoup la vie avec le mode TRK/FPA (Bird).

Ce Captain est vraiment très sympathique: quand tu est PF avec lui, tu fais tout ce qui est du ressort du PF, de la discussion avec l’agent au sol pour le repoussage jusqu’au démarrage moteurs et taxi in/out jusqu’à l’entrée au stand et la coupure des moteurs...Sans oublier les annonces passagers!
Ça met en confiance.

Jacques
 
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C'est cool que le Captain t'ai offert l'opportunité de voler avec des données brutes sans automatisme.
Cela donne confiance et permet de continuer à apprendre à piloter l'avion.
 
Hello jackZ !

En effet, c’est très gratifiant qu’un Captain te fasse faire tout le job de Captain et te permette de piloter à la marge de la doctrine locale ( airline policy ou MANEX A)

C’est la preuve que tes compétences sont reconnues...si tu ne peux passer Captain, n’hésite pas à postuler comme SFI.

Pour le trafic de Dammam, c’est surtout un hub de vols cargo.
 
Je suis convaincu que si le bon sens est utilisé, cela ne compromettra pas la sécurité et tu resteras compétent en le faisant régulièrement!
 
Je précise que c’était CAVOK et qu’il supervisait le vol, bien évidemment (il est TRI par ailleurs, ceci explique probablement cela, même s’il n’était pas en action de formation).
Et ce n’était pas sans automatismes, c’était au PA quand meme, mais en mode sélecté/selecté.
Une approche VOR faite dans les règles ne compromet en rien la sécurité, bien évidemment.

Et effectivement mon objectif à moyen terme est de faire SFI, car pour Captain, vu mon âge et mon expérience limitée ça me paraît compromis hélas, bien qu’on puisse toujours espérer d’ici 2/3 ans.

Pour le Hub cargo, je confirme, il y a même un 747 Cargo de Saudia qui a laissé des bouts sur la piste il y a une semaine, mauvais calculs de performance (Erreur de masse et centrage) et les vitesses étaient erronées, ils ont fait la rotation trop tôt...
Équipage super expérimenté pourtant…

Comme quoi ça arrive même aux meilleurs et c’est pourquoi on vérifie chez nous les calculs séparément.

Jacques
 
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La nuit dernière Vol OEDF-OPST. Rentré ce matin à 10:00.

Un Notam indique qu’il n’y a plus de DME ni de GP pour la 04 à OPST, et il n’existe pas de procedure LOC 04 seule donc ce sera une VOR 04 finalement. Comme quoi l’entraînement de l’autre jour a servi, même si je n’étais pas PF ce coup-ci!
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Arrivée sur Lahore au lever du jour, en descente vers Sialkot (OPST). Au fond on devine la frontière Indo-Pakistanaise, éclairée tous les 20 mètres. Lahore n’est qu’à quelques kms de la frontière, qui est toujours une zone sensible.

On entend parfois sur la fréquence les militaires en patrouille de trois au moins (plus le tanker) avec le même callsign, dont les échos transpondeur sont tellement proches les uns des autres que le TCAS les combine parfois sur le ND.

Quand ce n’est pas AFxxx qui ne fait que survoler le Pakistan en route vers Paris. On sent quand même la lassitude dans la voix, le phrasé hésitant, les mecs ont dû partir d’Asie il y a 4/5 heures déjà et il en reste autant avant d’arriver sur Paris. Ceci dit avec notre aller/retour dans la nuit on arrive aussi aux 8 heures de vol, 9 en comptant l’escale.

L’accent anglais des pilotes français est facilement reconnaissable (j’imagine que le mien doit l’être aussi), et à ce moment là j’envoie un petit « bonjour messieurs » anonyme sur la fréquence, auquel ils répondent la plupart du temps. Bref moment de connivence francophone au FL280...
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Au retour on passe un peu plus au sud qu’en rentrant d’Islamabad. Un peu moins désertique que le long de la frontière iranienne.
Toujours les chaînes de montagnes alignées, on mesure bien le plissement géologique des plaques tectoniques qui continuent à faire grandir inexorablement la chaîne de l’Himalaya plus au Nord.
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Et c’est le retour via Mascate et Dubai.
Malgré la brume de chaleur, on voit bien le super Hub d’Emirates a OMDB et la Méga-tour Burj Khalifa qui dépasse largement les autres tours environnantes. Vu notre altitude actuelle on encore a de la marge de franchissement en IMC...

Au loin on voit toutes les torchères des plateformes en pleine mer, qui sont là pour nous rappeler qu’on est en pleine zone d’exploitation pétrolière, ou gazière pour être précis.
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On voit les îles en forme de Monde créés de toutes pièces en draguant des semaines durant des tonnes de sable, pour en faire un projet immobilier de haut luxe, comme l’île en forme de Palmier, qui est elle complètement terminée et occupée. Chaque îlot est censé représenter un bout d’un continent.

Hélas contrairement au Palm islands situées non loin (un projet similaire d’îles artificielle en forme de palmier stylisé), ce projet a mal tourné et peu de parcelles ont été vendues, les îles non entretenues sont petit à petit détruites par les courants et la Mappemonde à une sale gueule…

Bien que ces îles soient quasi abandonnées, quelques irréductibles ont quand même installé des maisons sur les îlots, des oligarques Russes probablement. En tout les cas c’est sur l’île-continent correspondant à l’ex URSS qu’ils ont acheté...
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Les fameuse Palm Island dont je parlais CC a l’instant.
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Ouf enfin arrivés, après dix heures bloc-bloc.
La cravate de travers, il est temps d’aller dormir, enfin essayer!
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Jacques
 
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Très belles séries de photos documentés, on ne s'en lasse jamais ;G)

Merci de penser à nous !!
Allez au dodo maintenant...

Le truc World abandonné, je ne vois pas de routes alors les russes y vont en bateau. Faut être un peu Zinzin pour vivre sur ces îlots reculé de la terre ferme, faudrait pas qu'un jour une grosse vague emporté tout ce beau monde. J'avais été impressionné, par la construction. Prendre du sable et projeter en mer c'est assez fou !!
 
C'est super Jacques tout ce que tu nous montres et décris 😊

Du coup, tu nous fais voyager à nous aussi, avec ces belles photos et tes écrits !
 
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